Au cours du mois de novembre, le Conseil des Révolutionnaires de la Shura de Benghazi, ou BRSC - un groupe ayant des liens avec Al-Qaïda - a publié des photos d’avions AT-802 "Air Tractor" et de drone de type MQ-9 Reaper de la force aérienne des Emirats Arabes Unis (UAEAF) en vol au-dessus de Ganfouda, un district de la ville de Benghazi dans l'est de la Libye.
IOMAX AT-802U "Air Tractor"de la force aérienne émirati envol au-dessus de Ganfouda le 12 novembre quelques minutes avant qu’il ne frappe
Le 2 novembre, un Schiebel S-100 camcopter a effectué une mission de reconnaissance sur ce district deux heures avant qu'un drone de type MQ-9 Reaper réalise une frappe aérienne sur une zone résidentielle. Dix jours plus tard, un IOMAX AT-802U appartenant à l'UAEAF a effectué un raid aérien dans la même zone tuant au moins quatre civils dont deux enfants et en blessant un autre, tandis que d'autres civils étaient encore sous les décombres. Quatre autres frappes aériennes ont été réalisées par des drones plus tard dans la journée.
Drone CAIG Wing Loong "Ptérodactyle I" réalisant une frappe sur le quartier résidentiel de Ganfouda le 2 novembre
Ce n'est pas la première fois que le BRSC affirme que des avions Emiratis sont impliqués dans des missions de bombardement à Benghazi. Le déploiement de six AT-802 et trois drones Emiratis - probablement des CAIG Wing Loong "Ptérodactyle I" de fabrication chinoise – sur l’aéroport d’Al-Khadim situé dans la province de Marj a été confirmée un mois plus tard par image satellite fournie par Airbus Defence and Space et datée de juillet. D’autres photos datant de septembre confirment la présence de quatre AT-802 et de trois UAV Wing Loong, ainsi que de deux hélicoptères UH-60 sur la base. En octobre, le nombre de "Air Tractor" à Al-Khadim semble avoir été réduit à trois (le quatrième pourrait avoir été en vol lorsque la photo a été prise) et aucun autre drone Wing Loong n'a pu être vu sur le tarmac suggérant qu'ils ont quitté la Libye.
Imagerie satellite de la base d’Al-Khadim publiée sur le site Terra Server datant des 10 septembre et 24 octobre suggérant que les Wing Loong ont quitté le pays
Mais, le 4 novembre, les médias du BRSC ont publié une infographie sur les types d'avions que le groupe a prétendu vu impliqués dans les frappes aériennes à Benghazi le mois dernier. Selon l'infographie, les AT-802Us et les drones ont respectivement réalisés treize et 41 missions de bombardement tandis que les S-100 Camcopter ont effectué douze vols de reconnaissance. Le fait que certains drones continuent à exécuter des frappes aériennes suggère que les Wing Loong ont probablement été retirés d'Al-Kadhim et relocalisés sur une autre base aérienne inconnue à ce jour.
Comme en Syrie, en Irak et au Yémen, les civils sont souvent les premières victimes. Ainsi, un rapport d'Amnesty International a confirmé le 30 septembre que 130 familles libyennes et des centaines de ressortissants étrangers étaient piégées depuis des mois dans le quartier résidentiel de Ganfouda et bloqués par les combats ou les forces de l'Armée Nationale Libyenne (ANL). Le porte-parole de l’ANL a répondu à Amnesty International critiquant dans une déclaration le fait que les "actes humanitaires" de l’ANL n'ont jamais été mentionnés dans le rapport et que les groupes terroristes utilisent des familles et des travailleurs étrangers comme boucliers humains. Il reproche également aux civils de ne pas s'être déplacés vers l’ANL lorsque ses forces ont fourni un plan complet d'évacuation assurant la sécurité, les traitements médicaux, etc. et l'ont communiqué par tracts imprimés largués par hélicoptères. Bien sûr, il n'a jamais mentionné le fait que la plupart des opérations de bombardement menées à Ganfouda ne sont pas réalisées par la force aérienne de l’ANL ...
Un Schiebel S-100 Camcopter au-dessus de Ganfouda le 2 novembre
En effet, les 4 et 5 octobre, le BRSC a affirmé que dix-huit civils, dont dix enfants, ont été tués dans huit frappes aériennes, deux par des "Air Tractor", trois par des Wing Loong et trois par MiG de l’ANL. Au cours du mois, les Emirats Arabes Unis ont contribué à 85% des missions de bombardement selon l’infographie du BRSC. La faible contribution des avions et hélicoptères de l’ANL peut être corroborée par les propres rapports de l’ANL qui ont confirmé six des neuf raids aériens revendiqués par le BRSC, suggérant que les chiffres de l'infographie BRSC sont relativement fiables. En outre, en plus des quatre civils tués lors des bombardements du 12 novembre, le centre médical de Benghazi a signalé la mort de 17 personnes le 14 au cours de neuf frappes aériennes par des drones Emiratis et six par les MiG et hélicoptères de l’ANL. En outre, 33 autres ont été blessés. A la vue de ces chiffres, il semble tout à fait clair que le destin des civils libyens bloqués à Ganfouda est entre les mains des EAU. Mais les frappes aveugles menées par la coalition arabe (y compris par les EAU) sur la population au Yémen montrent clairement le manque d'intérêt des Emiratis pour les populations civiles, tout comme l'ANL qui utilise des bombes à sous-munitions sur les zones résidentielles de Benghazi et Derna depuis le début de 2015. À la mi-novembre, 44 raids aériens ont été effectués à Ganfouda par les EAU et l’ANL, dont six par des AT-802U, dix-sept par des drones et sept par des MiG et des hélicoptères. Au moins neuf missions de reconnaissance ont été réalisées par les S-100 Camcopters. Comme ces chiffres sont en hausse par rapport à octobre, le nombre de victimes civiles sera probablement encore plus élevé malheureusement comparé au mois précédent ...
Video d'un IOMAX
AT-802U "Air Tractor"de la force aérienne émirati effectuant une frappe sur
Ganfouda le 18 novembre
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