Thursday, November 24, 2016

Enquêtes Exclusives - La poudrière libyenne : menace aux portes de l'Europe

Dimanche 20 novembre, M6 diffusait l'émission Enquêtes Exclusives : La poudrière libyenne : menace aux portes de l'Europe.  Se déplacer dans un pays comme la Libye n'est pas aisé et comporte beaucoup de risques. Aussi, pour réaliser leur reportage les journalistes de la chaîne n'ont pas eu le choix que de s’assurer de la protection de l’Armée Nationale Libyenne fidèle au Général Khalifa Haftar.



Le fait d’être "embarqué", donc encadré, laisse peu de marge de manœuvre et donc l’image donnée est forcément biaisée. Ce documentaire reste néanmoins très intéressant pour les novices, mais l'image donnée de l'Armée Nationale Libyenne est trop belle pour être vraie. On (les libyens surtout, volontairement ou non d’ailleurs) confond également l'EI (Etat Islamique) et les autres groupes djihadistes ("Shura Council of Benghazi Revolutionaries" et "Shura Council of Mujahideen in Derna") ce qui est problématique car les soutiens ne sont pas les mêmes. On peut également constater que les images ont été tournées il y a déjà plusieurs mois car le "biker" sur cette capture d’écran était bien connu au sein de la LNA : Il était démineur et est décédé en juillet dernier.


Dans le reportage, il est dit à plusieurs reprises que l''EI est présent à Derna, Benghazi et Sirte. Si cela reste vrai pour ces deux dernières villes, c'est faux pour Derna où seul le "Shura Council of Mujahideen in Derna" est présent, l'EI s'étant complètement retiré en avril 2016. Il est encore un peu présent à Benghazi aux côtés du "Shura Council of Benghazi Revolutionaries". Dans le documentaire, il également fait référence à une barge bombardée le 18 mars 2016. Cette barge venait de la ville de Misrata aux mains des milices affiliées au Gouvernement d'Accord National de Tripoli (reconnu par l'ONU). Celle-ci transportait une dizaine de chars, trois BMP, trois lance-roquettes de type Grad et d’autres véhicules armés. Le "Shura Council of Benghazi Revolutionaries" a gardé de nombreux liens avec certaines milices de la ville. Les forces de l'Armée Nationale Libyenne se plaignent également du manque de munition et de l'embargo sur les armes qu'on leur impose et qui les empêcheraient de mettre fin plus rapidement à ses groupes terroristes. Ils ont sans doute oublié de préciser que depuis 2014, l'Egypte et les Emirats Arabes Unis fournissent armes, avions, hélicoptères et véhicules, sans compter les pièces détachés. L’Egypte forme également les futures pilotes de la LNA : 35 ont été diplômés le 20 juillet à l'Air Force Academy. Le général Haftar se vente d'être le garant de la Libye contre les djihadistes, mais il n'est en rien celui de la démocratie ... il a fait remplacer la plupart des maires (élus démocratiquement) par ses propres "hommes". La torture et les exécutions sommaires sont courantes contre les opposants et soutiens au gouvernement de Tripoli. La partie consacrée à l'aviation libyenne est courte et se concentre surtout sur le Général Mohamed Manfor qui volait encore sur MiG-21 en mars dernier pour réaliser des missions de bombardement.

Le Général (alors Colonel) Mohamed Manfor s'apprétant à décollant à bord du MiG-21UM "076" en mars 2016

La force aérienne réalise effectivement une cinquantaine de missions par semaine ... soit un quart de l'ensemble des frappes menées sur Benghazi, le reste est effectué par les avions et drones émiratis. Les chasseurs-bombardiers et hélicoptères libyens utilisent également des bombes à sous-munitions sur les quartiers résidentiels faisant de nombreuses victimes civiles notamment dans le district de Ganfouda fief des combattants du "Shura Council of Benghazi Revolutionaries".

Le Général Haftar et l'Armée Nationale Libyenne tentent de donner, par l'intermédiaire de tels reportages, une image positive de leur combat, mais leurs ambitions semblent être bien plus grandes que le simple fait de mettre fin à la terreur djihadiste. La récente prise du croissant pétrolier et des importants terminaux pétroliers, notamment celui de Ras Lanouf, montrent bien les ambitions de ce général (devenu "Maréchal" depuis peu) soutenu par le Maréchal Abdel Fattah al-Sissi.


3 comments:

  1. Tiens, on se remais à faire des article en français :)

    La situation décrite n'est guère brillante, mais y t'il un personnage politique libyen ayant une conception occidentale de la démocratie qui puisse être reconnu par la majorité de la population de ce pays ? Le coup de monté en grade de sa propre initiative fait tiqué, monsieur Haftar ne semble pas être du genre modeste.

    ReplyDelete
    Replies
    1. Désolé pour la grammaire et l’orthographe. Écrit après 3 nuits de travail, je n'était absolument pas concentré.

      Delete
    2. Pas de soucis ;) Il m'arrive d'écrire en français et je pense écrire les posts en deux langues dorénavant !

      Delete